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I. - L'HOMME ET SON CARACT�RE1
Victor �tait grand (Note, en fait, 1,73 m) et bien fait; son visage, qui n'�tait ni sans finesse ni sans charme, s'emp�ta de bonne heure et prit, avec l'embonpoint g�n�ral du corps, une sorte de nonchalance et de lassitude.
D'ailleurs, l'esprit lui-m�me, � ce point de vue, engraissa vite. Bien que toujours brave et d�daignant le danger, Victor, l'ancien r�volutionnaire, l'ancien r�publicain exalt�, l'ancien soldat agile et audacieux du si�ge de Toulon, devint moins actif, moins empress� � courir la campagne. Plus que tout autre, il appr�ciait les honneurs et les revenus dont il avait �t� combl�. Il aspirait � en jouir enfin dans le repos, et cette fatigue morale le conduisit � la fameuse m�saventure de Montereau, dont Napol�on lui garda toujours une am�re rancune.
Cela explique encore l'empressement qu'il mit � se ranger sous le pacifique drapeau des Bourbons, les preuves de fid�lit� et de soumission qu'au m�pris de ses convictions premi�res il affecta de leur donner.
Il eut, du moins, le bonheur de recevoir le prix de son adroite �volution. Accabl� de croix, de titres, de charges, de dignit�s, il coula une vieillesse sans nuage, et il vit venir la mort tr�s tard avec cette s�r�nit� de l'homme qui a tir� de la vie tout ce qu'elle peut humainement donner.
Victor, devenu g�n�ral, n'eut pas la chevaleresque fid�lit� de Lefebvre, et comme Lannes il ne balan�a pas � divorcer d'avec la compagne des temps difficiles pour �pouser une femme plus en harmonie avec sa nouvelle fortune. On lui reconna�t, du reste, des lents militaires, de la modestie et de la probit�.
Le mar�chal Victor mesurait 1,73 m. (On notera que de Beauregard qualifie de "grand" Victor et Ney, et de "moyen" Oudinot, alors que ce dernier est plus grand que les 2 autres !)
II. - SON ORIGINE ET SA JEUNESSE
Claude Perrin, plus connu sous le nom de Victor, naquit le 7 d�cembre 1764, � Lamarche, dans les Vosges, dans la maison qui est maintenant le 12 de la rue de Bellune. Charles Perrin, son p�re, y �tait huissier.
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ICI EST N� LE 7 XBRE
1764
CLAUDE-VICTOR
PERRIN
DUC DE BELlUNE
PAIR
ET
MAR�CHAL DE FRANCE
Voici son acte de naissance (A.D. 88) (merci � D. Contant) :
Bapt�me
Claude fils l�gitime de Charles Perrin huissier Royal au baillage
du Bassigny s�ant � lamarche et mari� � Anne Floriot, est n� et
a �t� baptis� le septi�me d�cembre mil sept cent soixante quatre.
Il a eu pour parrain Claude Thomas aussy huissier Royal audit
baillage et pour marraine Fran�oise Michel qui a d�clar� ne
scavoir sign�. Le parrain a sign� avec moy l'an et jour susdits.
.........................
C. Thomas
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VICTOR PERRIN |
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Le jeune Claude, pouss� par une irr�sistible vocation militaire, entra comme simple soldat en 1781, au 4e r�giment d'artillerie, o� il demeura dix ans. Cong�di�, il se fixa � Valence et fit partie de la garde nationale jusqu'en 1792. Il devint alors adjudant sous-officier au 3e bataillon des volontaires de la Dr�me, puis adjudant-major capitaine dans le 3e bataillon des Bouches-du-Rh�ne, enfin, le 16 septembre de la m�me ann�e, chef de ce m�me bataillon.
Envoy� en Italie avec ses six cents hommes, Victor se rendit � Coaraza, pr�s de Nice, et y mit en d�route un corps de trois mille Pi�montais. Ce brillant d�but lui valut d'�tre mis � l'ordre du jour de l'arm�e.
Vers la fin de 1793, Victor �tait au si�ge de Toulon, et c'est l� qu'il rencontra pour la premi�re fois le futur empereur, alors commandant de l'artillerie, dont il eut bient�t conquis l'estime et la sympathie par son entrain et son intr�pidit�.
La petite rade de Toulon, avec, � gauche, le fort de l'Eguillette.
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SUR CE RIVAGE EN D�CEMBRE 1793, VINRENT ABOUTIR VICTORIEUSEMENT LES OP�RATIONS DE GUERRE ENTREPRISES PAR L�ARM�E DE LA CONVENTION POUR LA LIB�RATION DE TOULON LE FORT DU "PETIT GIBRALTAR" AYANT SUCCOMB� SOUS LE FEU DES BATTERIES FRAN�AISES ET LES ASSAUTS DE L�INFANTERIE. "ARM�E CONDUITE PAR DUGOMMIER ET LE COMMANDANT D�ARTILLERIE / NAPOL�ON BONAPARTE." |
Le fort du "Petit Gibraltar" �tait le fort Mulgrave
La prise des retranchements et redoutes de Faron lui fit donner le grade d'adjudant g�n�ral chef de brigade.
Le Fort (du) Faron existait d�j� en 1793, mais son apparence actuelle est
principalement due � sa reconstruction en 1845.
Peu apr�s, mis � la t�te de la division de droite de l'arm�e de si�ge, il enleva le fort de l�Aiguillette, surnomm� te petit Gibraltar, dans l'attaque duquel il re�ut deux coups de feu. Les repr�sentants du peuple, en r�compense d'un tel exploit, nomm�rent Victor g�n�ral de brigade, et le gouvernement confirma la nomination le 13 juin 1794.
Un peu plus tard, il passa sous l'autorit� de Sch�rer dans la premi�re campagne d'Italie, o� il eut le commandement de l'avant-garde.
Il y manifesta des talents et de la bravoure, et le poste lui fut conserv� quand Bonaparte vint remplacer Sch�rer.
A Borghetto, il enleva � la ba�onnette une position formidable, contribua � la victoire de Loano sur les Sardes; � la d�route du g�n�ral Provera retranch� dans le ch�teau de Cossaria, � la dispersion du corps de Wukassowitz. Carnot, 'pr�sident du Directoire, lui �crivit : � Vous vous �tes bien conduit ; le Directoire vous en t�moigne sa satisfaction. �
Charg� par Mass�na d'enlever le camp retranch� de Peschiera, il en chassa les g�n�raux Bayalitsch et Liptay et leur prit douze canons.
Il se signala encore sur l'Adige, � Roveredo, � Porto-Legnano, � la Favorite, � Cezea et � Saint-Georges sous Mantoue, o� il fut bless�.
Au second combat de la Favorite, avec ses deux demi-brigades, il repoussa les attaques de Wurmser et fit mettre bas les armes aux cinq mille Autrichiens de Provera. Cette action d'�clat valut � la 57e demi-brigade d'�tre appel�e � la Terrible �, et son chef, � la requ�te de Bonaparte lui-m�me, fut nomm� g�n�ral de division (1797).
Une fois Mantoue prise, Victor, avec sept mille cinq cents hommes, fut d�tach� dans la Romagne contre les troupes papales. Il les battit sur le Senio, puis s'empara d'Anc�ne, o� �tait le seul arsenal du pape, ce qui obligea celui-ci � 'souscrire au trait� de Tolentino.
Victor intervint encore en V�n�tie lors de l'insurrection de cette province, puis se replia sur Vicence, Tr�vise et Padoue.
Apr�s le trait� de Campo-Formio, on l'envoya commander la 12e division militaire et parfaire la pacification de la Vend�e, si heureusement entreprise par Hoche. Victor, s'inspirant du m�me esprit que son illustre pr�d�cesseur, acheva de r�tablir l'ordre dans cette province.
On le retrouve bient�t en Italie. Il s'y distingua dans les combats de Sainte-Lucie, de Villafranca, d'Alexandrie, de la Trebbia et de la Nara, o� il commandait l'arri�re-garde contre Souvaroff.
A Fossano, pr�s de battre l'ennemi, il re�ut une blessure, et il n'�vacua Valdigi, o� il avait fait une victorieuse r�sistance, que sur l'injonction du g�n�ral en chef Championnet.
Lorsqu'en 1800 le premier consul vint commander en personne cette arm�e d'Italie, assez malmen�e durant les deux ann�es pr�c�dentes; il mit Victor, son ancien camarade de Toulon, � la t�te d'un corps d'arm�e. Celui-ci justifia brillamment un tel choix. Le 9 juin, n'ayant que six bataillons sous la main, il changea en succ�s �clatant la bataille de Montebello, d'abord tr�s disput�e ; ce qui lui attira ce mot de Lannes � Mon ami, je vous dois ma gloire! �
A Marengo, Victor, en premi�re ligne, soutint seul avec sa division, de 4 heures du matin � 1 heure de l'apr�s-midi, le feu de l'artillerie et les attaques r�p�t�es de tous les corps ennemis. Un des premiers il entra dans le village de Marengo, � l'heure du glorieux d�nouement de la journ�e. Pour reconna�tre sa conduite en cette occasion, les consuls, par arr�t� du 5 juillet 1800, lui conf�r�rent unn sabre d'honneur portant ces mots : Bataille de Marengo, command�e en chef par le premier consul. � Donn� par le gouvernement de la R�publique au g�n�ral Victor.
De l'arm�e d'Italie, Victor passa au commandement de l'arm�e gallo-batave, qu'il conserva jusqu'au trait� d'Amiens (1802). Il fut ensuite envoy� � Copenhague comme ministre pl�nipotentiaire, et il n'est pas contest� que son attitude ait �t� aussi digne qu'avis�e en cette circonstance.
En 1804, Victor acquiert le ch�teau de M�nars, construit aux XVIIe si�cle et XVIIIe si�cles, � 8 km au nord-est de Blois.
Le ch�teau de M�nars, achet� par Victor.
Photo Chatmouettes sur Wikimedia commons
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Chateau_de_Menars_loire.jpg
III.� SA CARRI�RE SOUS L'EMPIRE
Sa fonction lointaine emp�cha Victor de prendre aucune part � la campagne d'Austerlitz en 1805 ; mais Napol�on, devenu empereur, ne l'avait point oubli�, car il le nomma Grand-Officier de la L�gion d'honneur en 1804 et Grand-Croix en 1805.
Revenu en Hollande en qualit� de gouverneur, il y resta deux ans, au bout desquels il fut nomm� capitaine g�n�ral de la Louisiane. Ce titre toutefois demeura inutile, l'exp�dition d'Am�rique ayant �t� ajourn�e par la rupture du trait� d'Amiens.
La guerre imminente ramena Victor � la Grande Arm�e. Chef d'�tat-major de Lannes, il pr�sida aux dispositions prises par son corps d'arm�e sur le plateau d'I�na. Au cours de la bataille, il fut violemment contusionn� par un bisca�en, mais n'en continua pas moins � se battre comme un brave, durant toute l'action.
1807
En janvier 1807, on lui donna mission de prendre Colberg et Dantzig. Comme il se trouvait aux environs de Stettin, seul dans sa voiture avec un aide de camp et un domestique, il fut entour� par un peloton de chasseurs prussiens et fait prisonnier, le 20 janvier 1807. Napol�on se h�ta de le faire �changer contre Bl�cher le 8 mars 1807et le rappela � l'arm�e pour commander le 10e corps au si�ge de Graudentz.
A Friedland, Victor, rempla�ant Bernadotte, commandait le 1er corps. Lanc� avec fureur contre le centre des Russes, il l'enfon�a, d�cida la victoire et permit aux Fran�ais de coucher sur le champ de bataille.
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Apr�s le trait� de Tilsitt, le nouveau mar�chal fut investi
du gouvernement de Berlin. La situation n'allait pas sans difficult�s, ni m�me
sans p�rils, car les Prussiens, humili�s, vaincus, �cras�s de charges et de
contributions multiples, pouvaient � chaque instant s'abandonner au d�sespoir et
tenter quelque meurtrier soul�vement. Victor se contenta d'�tre gouverneur sans
se montrer conqu�rant. Il apporta m�me tant de douceur et tant de r�serve dans
son administration, que, lorsqu'il quitta son poste, quinze mois apr�s y �tre
entr�, la ville de Berlin voulut lui offrir une grande somme en reconnaissance
de ses bons proc�d�s.
Victor la refusa, mais il dut accepter au moins huit
chevaux magnifiques, pour ne pas blesser la touchante gratitude de ses anciens
administr�s. � Je pr�f�rerai toujours, dit-il � quelqu'un qui s'�tonnait d'un si
rare d�sint�ressement, une belle r�putation � une grande fortune. �
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Sur la maison au 5 de cette m�me place de Bellune � Lamarche, une plaque � �t� appos� en souvenir de la remise � Lamarche d'une contribution de guerre de 300.000 Fr. et de la lib�ration des otages en 1870, gr�ce � l'administration int�gre et �quitable de Victor comme gouverneur de Berlin en 1807 et 1808.
le souvenir de
son administration
int�gre et �quitable
comme gouverneur de Berlin
en 1807 et 1808
a obtenu d'outre-tombe
de la loyaut� de l'ennemi en 1870
la remise � sa ville natale
d'une contribution de guerre de 300.000 Francs
et la lib�ration des otages pris � Lamarche
La ville de
Lamarche reconnaissante
M. Marchal �tant Maire
A voulu que ce fait
fut constat� par cette inscription.
1808
En 1808, il fut fait duc de Bellune et re�ut une dotation de deux cent mille francs de revenu annuel.
Au mois de septembre de cette m�me ann�e, quand, apr�s le d�sastre de Baylen, Napol�on r�solut de s'emparer d�finitivement de la couronne d'Espagne, il appela Victor au commandement du 1er corps de l'arm�e d'invasion.
Le 7 octobre, le duc de Bellune contribua � battre Blake � Guen�s, le rejoignit le 10 novembre � Espinosa-de-los-Monteros et lui mit vingt-deux mille hommes hors de combat. Le 30, il remporta le beau succ�s de Somosierra contre treize mille Espagnols, et, le 2 d�cembre, il arriva � temps pour coop�rer � la prise de Madrid.
1809-1811
Le 18 janvier 1809, il d�fit compl�tement le duc de l'Infantado � Cel�s, lui prit dix-huit pi�ces de canon et dix mille hommes, de ceux-l� m�me qui �taient les vainqueurs de Dupont � Baylen.
Arriv� aux fronti�res de l'Estr�madure, il rencontra le g�n�ral Cuesta non loin de Medellin, lui prit dix-neuf canons et plusieurs drapeaux et lui mit seize mille hommes hors de combat.
L'avant-garde de Victor, surprise, le 22 juillet, devant Talavera de la Reyna, fut pourtant contrainte � se retirer et � gagner Tol�de pour y joindre l'arm�e du roi Joseph.
A la Guadarrama, par contre, Victor battit de nouveau Cuesta et rejeta au del� de l'Alberche un corps anglais venu au secours des Espagnols.
De l�, il gagna l'Andalousie et se dirigea vers Cadix, qu'il investit et tint bloqu�e pendant trente mois, en d�pit des plus hardies tentatives des Espagnols pour d�bloquer la ville. Le 23 mars 1810, il prit le fort de Matagorda, ce qui lui permit de d�livrer quinze cents prisonniers fran�ais entass�s sur des pontons.
Apr�s d'autres succ�s � Chiclana et � Barossa, le mar�chal fut rappel� le 14 juin 1811 et mis � la t�te du 9e corps d'arm�e entre l'Elbe et l'Oder.
1812
Ce fut surtout apr�s les revers de la campagne de Russie et pendant la retraite que sa constance et sa bravoure rendirent d'�clatants services. Avec les restes importants de son corps d�arm�e, qui comprenait nagu�re encore quarante-neuf mille hommes, il r�sista vaillamment � la violente attaque de Wittgenstein lors du passage de la B�r�sina, et, gr�ce � lui, la catastrophe eut de moins horribles r�sultats qu'on ne le redoutait.
Monument dit "Aux Suisses", en fait � tous les combattants qui
n�eurent pas de linceul, c'est pourquoi le guerrier est repr�sent� nu.
Il a �t� inaugur� le 17 novembre 2002 et est l'�uvre des artistes
Artimocich, Morozov et Novik.
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"ICI L�ARM�E
DE NAPOL�ON
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En arrivant
au gu� de Studianka. A droite sur la photo, on discerne � droite le
monument � Koutousov.
C'est ici que le g�nie construisit, sous le commandement du g�n�ral
�bl�, le premier pont, parfois appel� � pont d�aval �, � l�artillerie,
au train et � la cavalerie.
1813
En 1813, le duc de Bellune �tait � la t�te du 2e corps. A Dresde, il rompit si compl�tement l'aile gauche de l'ennemi, que Murat, accourant sur l'entrefaite avec sa cavalerie, fit prisonniers vingt mille Autrichiens. A Leipzig, il tint bon pendant deux jours sur la hauteur de Probstheida et sauva en partie son corps d'un horrible carnage. A Hanau enfin, il s'opposa vigoureusement au g�n�ral de Wrede, qui cherchait � couper la retraite de l'arm�e.
Apelstein 01 Victor (Wachau, Bornaische Strasse)
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N
VICTOR HERZ. V. BELUNO II. Corps 20000 M.
1
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N - Schlacht bei Wachau am 16. October 1813 Dr. Theodor Apel 1863
Panorama du champ de bataille � l'est de l'Apelstein 1.
Cliquez pour agrandir.
Vue vers le nord � partir de la route de Markkleeberg � Liebertwolkwitz. On
distingue � gauche l'Apelstein 1, plus � droite, � l'horizon, le
V�lkerschlachtdenkmal, � droite Lieberwolkwitz et le Galgenberg.
Apelstein 31 Victor-Lauriston (Leipzig Thonberg, Prager Strasse / D�serner Strasse)
L'Apelstein 31 indique la position de II�me Corps de Victor et du Ve Corps de Lauriston, qui r�ussirent, le 18, � tenir t�te � Probstheida aux assauts alli�s des troupes russes de Barclay de Tolly (Arm�e russe de l'Arm�e de Boh�me, Apelstein 32). Pour Victor, cf. aussi l'Apelstein 1. Lauriston est �galement mentionn� sur l'Apelstein 5.
N
Victor Lauriston II. und V. Corps 30000 Mann
31
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V
Schlacht bei LEIPZIG
31. |
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1814
Napol�on ayant improvis� une nouvelle lev�e, Victor eut � commander un corps de six- mille fantassins et trois mille cavaliers, avec charge de d�fendre la fronti�re entre B�le et Strasbourg.
Mais ces forces d�risoires, devant le d�luge de la coalition, ne purent tenir leurs positions, et le duc de Bellune se replia m�thodiquement sur la Moselle, sur la Meuse, puis sur la Marne et l'Ornain.
Apr�s avoir livr� le sanglant combat de Brienne aux Russes de Bl�cher, et celui de la Rothi�re, Victor se dirigea sur Montereau, et c'est l� que se place son altercation c�l�bre avec Napol�on.
Voici comment la raconte un biographe du mar�chal :
Dans les man�uvres qui avaient pr�c�d� la bataille, Napol�on avait eu � se plaindre de ses plus braves g�n�raux. Chez eux, la prudence semblait avoir grandi avec la fortune et, pendant que les soldats portaient le d�vouement jusqu'� l'exaltation, l'esp�rance n'avait, pu p�n�trer encore dans le c�ur de la plupart des chefs. Napol�on, � ce sujet, avait � reprocher au duc de Bellune de n'avoir pas march� assez vite pour surprendre le pont de Montereau la veille de la bataille. Victor avait eu le malheur d'all�guer la fatigue pour excuse. Napol�on lui avait alors envoy� la permission de se retirer chez lui et avait donn� son commandement au g�n�ral G�rard. Le duc de Bellune voulut, r�clamer contre cette d�cision : Napol�on l'accabla de reproches. Le malheureux mar�chal cependant parvint � �lever la voix pour protester de sa fid�lit�, lui rappela qu'il �tait un de ses plus anciens compagnons, qu'� ce titre il ne pouvait quitter l'arm�e sans d�shonneur. Il insista pour rester, essaya m�me d'entamer sa justification sur les lenteurs de la veille et s'�cria en versant des larmes
� Si j'ai fait une faute militaire, je la paye bien cher par le coup qui a frapp� mon malheureux gendre, le g�n�ral Chataux... �
Au nom du g�n�ral Chataux, bless� � mort � Montereau, Napol�on l'interrompit, vivement �mu; il s'informa si l'on conservait quelque espoir, de le sauver, et, semblant ressentir tout enti�re la douleur du mar�chal, il ne lui parla plus que du repos que n�cessitaient ses nombreuses blessures :
� Non, reprit avec feu le duc de Bellune, je ne quitterai.pas l'arm�e ; je vais prendre un fusil. Je n'ai pas oubli� mon ancien m�tier; Victor se placera dans les rangs de la garde. �
Ces derniers mots achev�rent de vaincre Napol�on.
� Restez, Victor, lui dit-il en lui tendant la main; je ne puis vous rendre votre corps d'arm�e, puisque je l'ai donn� � G�rard; mais je vous donne deux divisions de la garde. Allez en prendre le commandement, et qu'il ne soit plus question de rien entre nous. �
18 f�vrier 1814 : Bataille de MONTEREAU-FAULT-YONNE
Panorama de Montereau : � gauche, la ville ; � droite, les hauteurs de Surville.
Cliquez sur l'image pour
agrandir.
Une tr�s belle vue du champ de bataille sur cette carte postale ancienne.
Nous sommes ici � l'arri�re des positions alli�es : en face et dans le fond �
gauche, les hauteurs de Surville, � l'avant-plan et sur la gauche, la Seine,
dans le fond � droite, l'Yonne.
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La superbe statue de l'Empereur sur le
pont de Montereau, par le g�n�ral
Charles-Pierre-Victor Pajol (fils de Claude Pierre).
A gauche, deux photos du printemps 1996, � droite, une de septembre 2003. On
notera qu'entre-temps, les d�g�ts de la guerre ont �t� quelque peu r�par�s.
Panorama de la ville de Montereau, � partir de l'emplacement d'o� l'Empereur
mania le
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Victor ob�it ; toutefois, frapp� d'une balle � Craonne, il ne put rester � son poste et il ne vit pas la fin de la campagne.
Il se rallia chaudement aux Bourbons ; Louis XVIII le fit chevalier de Saint-Louis et gouverneur de la 2� division militaire.
On doit du moins reconna�tre que le duc de Bellune demeura fid�le � son nouveau ma�tre, car il l'accompagna en exil durant les Cent-Jours et ne revint qu'avec lui, apr�s l'effondrement de Waterloo.
IV.� SA CARRI�RE APR�s L'EMPIRE ET SA MORT
Un tel attachement ne demeura pas sans r�compense. Nomm� major g�n�ral de la Garde royale et pair de France en 1815, Victor devint encore pr�sident d'une commission charg�e d'examiner la conduite des officiers de tous grades qui avaient servi pendant l'usurpation. Il est un des 5 mar�chaux � avoir vot� la mort de Ney. Tout le restant de sa vie, il le regrettera, et il ne voudra plus recevoir personne le jour de son anniversaire, le 7 d�cembre�
Il est nomm� gouverneur de la 16e division militaire; commandeur de Saint-Louis en 1816 ; grand cordon en 1820; commandeur du Saint-Esprit la m�me ann�e ; commissaire extraordinaire des 6e, 7e, 19e divisions militaires, et ministre de la Guerre en 1821; membre du conseil priv� et major g�n�ral de l'arm�e d'Espagne en 1823; commandant du camp de Reims au sacre de Charles X en 1825.
La r�volution de 1830 le priva d'une partie de ces titres, et m�me, compromis dans une intrigue ayant pour but le r�tablissement de la branche a�n�e, il dut s'enfuir de France, o� il ne rentra que quelque temps apr�s.
Il v�cut d�s lors dans la retraite, entre son ch�teau de M�nars, entre Blois et St-Dy�-sur-Loire, et Paris.
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Il est mort au 7 de la rue du Regard1, Paris 6�me, "apr�s une courte maladie", le 1er mars 1841, � l'�ge de soixante-dix-sept ans. Il repose au cimeti�re du P�re-Lachaise, dans la 17e division, sous un monument surmont� de sa couronne ducale.
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V. � JUGEMENT DE NAPOL�ON
Lettre de Bonaparte partant pour l'�gypte
� Mon cher g�n�ral, lorsque vous recevrez ma lettre, je serai � l'extr�mit� de la M�diterran�e. Vous deviez venir avec nous, mais le gouvernement a cru vos services utiles ailleurs. Quelque part que je sois, comptez sur mon amiti�. �
Mot de Napol�on, � la bataille de la B�r�zina :
� Voil� une des plus belles journ�es de Victor. �
A Sainte-H�l�ne :
� Victor n'�tait qu'une b�te, sans talent et sans t�te. �
�TATS DE SERVICE DE VICTOR-CLAUDE PERRIN
DUC DE BELLUNE, N� LE 7 D�CEMBRE 1764, A LAMARCHE (VOSGES)
GRADES, CORPS ET DESTINATIONS
Soldat au 4e r�giment d'artillerie, 16 octobre 1781; cong�di�, 1er mars 1791 ; volontaire au 3e bataillon de la Dr�me, 12 octobre 1791; adjudant sous-officier, 15 f�vrier 1792 ; adjudant-major au 5e bataillon des Bouches-du-Rh�ne, 4 ao�t -1792 ; chef de bataillon, 14 septembre 1792 ; chef de brigade, adjudant g�n�ral, nomm� par les repr�sentants pr�s l'arm�e d'Italie, 2 octobre 1793; g�n�ral de brigade, nomm� par les repr�sentants pr�s l'arm�e de l'Italie, 20 d�cembre 1793; confirm� dans ce grade, 13 juin '1795 ; g�n�ral de division, 10 mars 1797; employ� � l'arm�e d'Angleterre, 12 janvier 1797 ; commandant la 12e division militaire, 17 mars 1798 ; employ� � l'arm�e d'Italie, 3 mai 1798; employ� � l'arm�e de r�serve, 18 mars '1800; lieutenant du g�n�ral en chef de l'arm�e de Batavie, 25 juillet 1800; disponible, 23 avril 1804; ministre pl�nipotentiaire en Danemark, '19 f�vrier 1805 ; commandant en chef le 10e corps de la Grande Arm�e, en janvier 1807; commandant en chef le 1er corps de la Grande Arm�e, en juin 1.807 ; mar�chal de l'Empire, 13 juillet 1807 ; commandant en chef le 1er corps de l'arm�e d'Espagne, en ao�t 1808 ; appel� � la Grande Arm�e, 3 avril 1812; commandant en chef le 9e corps d'arm�e, en ao�t '1812 ; commandant en chef le 2e corps d'arm�e, 12 mars '1813 ; gouverneur de la 2e division militaire, 6 d�cembre 1814; major g�n�ral de la garde royale, 8 septembre 1815; pr�sident de la commission charg�e d'examiner les services des officiers pendant les Cent-Jours, 12 octobre '18'15 ; gouverneur de la 16e division militaire, du 10 janvier 1816 au 15 novembre '1830 ; nomm� au commandement sup�rieur des 6e, 7e, 18e et '19e divisions militaires par ordonnance du 27 mars 1821 ; nomm� ministre secr�taire d'�tat au d�partement de la guerre, par ordonnance du '14 d�cembre 1821 ; a quitt� ce portefeuille et repris ses fonctions de major g�n�ral, 19 octobre 1823; commandant en chef le camp de Reims, 6 niai 1825; membre du conseil sup�rieur de la guerre, du 7 f�vrier 1828 au 1er ao�t 1830. Mort le 1er mars 1841.
CAMPAGNES
Aux arm�es des Pyr�n�es, d'Italie, d'Angleterre et de r�serve ; en Batavie, � la Grande Arm�e ; prisonnier de guerre et �chang� ; en Espagne, � la Grande Arm�e ; � Gand.
BLESSURES ET ACTIONS D'�CLAT
A re�u � la bataille d'I�na un bisca�en qui lui a fait une contusion ; a obtenu un sabre d'honneur pour sa conduite � Marengo.
D�CORATIONS
ORDRE DE LA L�GION D'HONNEUR
Chevalier, 24 septembre 1803; grand-officier, 14 juin 1804; grand-croix, 6 mars 1805.
ADDITION AUX SERVICES ET D�CORATIONS
Duc de Bellune, 1808; chevalier de Saint-Louis, 1814; pair de France, 1815; grand-croix de Saint-Louis, 1820 ; chevalier du Saint-Esprit, 1820
1.
Et non en son ch�teau de M�nars, comme on lit parfois.
Texte : d'apr�s
De Beauregard, G�rard,
Les Mar�chaux de Napol�on, Mame, Tours, s.d. (1900).
Je ne peux que vous recommander la lecture de l'excellent livre sur le Mar�chal Victor par Jacques Le Coustumier, paru aux Editions du Nouveau Monde/La Fondation Napol�on.
Un livre passionnant et tr�s bien document� qui se d�vore !
Collection Hachette : Mar�chaux d'Empire, G�n�raux et figures historiques
(Collection de l'auteur)
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� D. Timmermans